Pas de refrain, pas de règles

Pas de refrain, pas de règles

Pas de refrain, pas de règles

Comment "SAOKO" de Rosalía a Réinventé l'Écriture des Chansons Pop

Last updated: Oct 6, 2025. We may earn commissions from links, but only recommend products we love. Promise.
Nico Delray
Nico Delray
Nico Delray

Écrit par Nico Delray

Une intro jazz entre dans un club de reggaetón...

Il existe un livre de règles que les pop stars prétendent ignorer mais suivent secrètement : accrocher tôt, répéter souvent, finir en beauté. Rosalía ? Elle le jette dans le mixeur, ajoute de l'huile de moteur, et y met le feu. Sur SAOKO, le morceau d'ouverture de son album qui détruit les genres MOTOMAMI, elle fait quelque chose de discrètement révolutionnaire — elle refuse de te donner ce fichu refrain.

À la place, vous obtenez 90 secondes de dissonance jazz, de sabotage reggaetón, de changements de rythme, et de fragmentation lyrique qui ressemble plus à un manifeste qu'à une mélodie. Et pourtant, ça claque. Fort.

Qu'est-ce qu'un SAOKO?

Commençons par le mot. Saoko est une expression argotique portoricaine pour style, saveur, jus — une sorte de flex d'identité sonore. En 2004, Daddy Yankee et Wisin l'ont utilisé comme titre pour un morceau profond de reggaetón qui pulsait avec la bravade du début des années 2000. Rosalía l'échantillonne à peine, mais en fait quelque chose de fantomatique, haché, réverbérant comme un souvenir dont vous n'êtes pas sûr qu'il vous appartienne.

Puis elle prend le titre et le transforme en mantra :
“Saoko, papi, saoko.”
Ce n'est pas un refrain. C'est une menace.

Le changement de rythme est le nouveau refrain

SAOKO ne construit pas — il se dérobe. Les premières secondes de la chanson sont un amas de piano jazz qui semble s'être égaré lors d'une session de Thelonious Monk. Il est détruit par un rythme reggaetón déformé, pour ensuite se transformer à nouveau à mi-chemin en une pulsation lente et mécanique, plus Yeezus que Yankee.

Il n'y a pas de retour à la forme. Pas de refrain mélodique. Juste du mouvement. En avant. Sur le côté. Par une trappe dans une boue industrielle. Chaque changement est une montée de dopamine — non pas parce qu'il satisfait les attentes, mais parce qu'il les défie. Rosalía n'est pas intéressée par la résolution. Elle dirige le chaos.

La structure est la déclaration

Ce n'est pas de l'expérimentation pour elle-même — c'est profondément intentionnel. MOTOMAMI a été construit comme un collage de dualités : doux/dur, traditionnel/futuriste, local/global. SAOKO incarne cette dualité structurellement. C'est court, fort, non-linéaire. Une thèse criée à travers des caissons de basse.

En refusant de vous donner un refrain traditionnel, Rosalía met en lumière son contrôle. Elle vous met au défi de suivre. Le hook n'est pas un ver d'oreille mélodique — c'est l'audace. Le contrôle qu'elle exerce sur un genre souvent façonné par des hommes. Le fait que la piste semble se terminer trop tôt, mais d'une certaine manière complète, est tout le but. Elle bouscule la forme comme un acte féministe.

Pop post-refrain et le refrain qui disparaît

Rosalía n'est pas seule ici. Nous assistons à la lente disparition du refrain traditionnel à travers le paysage pop. Billie Eilish murmure à travers des anti-hooks. Frank Ocean lâche des couplets comme des morceaux de puzzle. Même les plus grands succès d'Olivia Rodrigo reposent davantage sur la montée que sur la répétition.

À l'ère du streaming, où l'attention s'éteint en 15 secondes, le trompe-l'œil est le nouveau chant. La pop évolue au-delà du refrain parce que le refrain, ironiquement, est devenu prévisible.

Et SAOKO ne se contente pas de l'abandonner — il le détruit et danse dans les décombres.

Pas de refrain, pas de problème

La chose la plus fascinante à propos de SAOKO est qu'elle ne devrait pas fonctionner — et pourtant elle semble être un succès. Pas parce qu'elle se conforme, mais parce qu'elle fait exploser les attentes. C'est la preuve que la pop n'a pas besoin d'être formulée pour être contagieuse. Que l'énergie peut être le hook. Que le style — réel, rugueux, irrévérencieux — est tout aussi mémorable que la mélodie.

C'est Rosalía déclarant :
Je n'ai pas besoin de votre structure.
Je suis la structure.

Nico Delray
Nico Delray
Nico Delray

Écrit par Nico Delray

Nico Delray est un guitariste de tournée devenu rédacteur spécialisé en matériel, avec une passion pour les pédales originales et les créations artisanales. Il a fait ses armes dans les clubs DIY à travers le Midwest et écrit maintenant depuis un appartement à Brooklyn rempli de synthés, de cordes et de pédales d'effets. Chez Audio Chronicle, il apporte une oreille de musicien à chaque critique—pas de battage médiatique, juste un son honnête.

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Nico Delray

Écrit par Nico Delray

Nico Delray est un guitariste de tournée devenu rédacteur spécialisé en matériel, avec une passion pour les pédales originales et les créations artisanales. Il a fait ses armes dans les clubs DIY à travers le Midwest et écrit maintenant depuis un appartement à Brooklyn rempli de synthés, de cordes et de pédales d'effets. Chez Audio Chronicle, il apporte une oreille de musicien à chaque critique—pas de battage médiatique, juste un son honnête.